Claude Lanzmann a retrouvé des rescapés juifs des camps d’extermination. Il a traqué les nazis qui se cachaient et réussi à les filmer clandestinement. Il est retourné sur les lieux, dans les villages limitrophes de Chelmno, Ponari, Treblinka, Sobibor, Auschwitz, pour interroger les témoins polonais. Ni fiction – tous les protagonistes ont été en contact direct avec les camps –, ni documentaire – il ne s’agit pas d’une compilation de souvenirs –, Shoah est avant tout un film de la mémoire qui abolit la distance entre le passé et le présent. Sans recourir aux documents d’archives – il n’y a pas un cadavre dans cette œuvre pétrie de mort – ni aux “images chocs”, Shoah (“anéantissement”, “destruction”, en hébreu) démonte les rouages de la “solution finale”. “Nous avons lu, après la guerre, quantité de témoignages sur les ghettos, sur les camps d’extermination.